LA POESIA DI PATRICIA GUÉNOT – VI/2007

Bouquet de tendresse - Marin solitaire - Métro infernal - Ange de la folie - Prière au sommeil

Bouquet de tendresse

Je compose un bouquet aux couleurs de tes yeux,

Ces étangs de tendresse au regard d'émeraude,

Dont la calme douceur m'emporte aux antipodes

Du grisâtre horizon de mon esprit pluvieux.

J'adresse une prière à l'attention des cieux

Pour qu'ils dardent sur toi les lueurs les plus chaudes

Du soleil revenu d'un effrayant exode

Au funeste pays des cauchemars odieux.

J'entonne une chanson dont les notes soyeuses

Déroulent un ruban de gaieté chaleureuse

Au centre de ton cœur, maître de mon bonheur.

Je dessine un jardin dont les fleurs chatoyantes

Exhalent des torrents d'enivrantes senteurs

Pour sceller fermement notre radieuse entente.

Marin solitaire

Marin solitaire

Étranger au long cours

Tu dérives au hasard

Tu noies tes incertitudes

Dans les bistrots anonymes

De villes brumeuses

Voyageur sans bagage

Tu largues tes fantômes

Dans des bouges enfumés

Tu troques tes souvenirs

Contre des étreintes furtives

Imprégnées d’amertume

Tu promènes tes insomnies

Sur les quais pestilents

De ports énigmatiques

Métro infernal

Sur le quai verglacé de la station ultime,

Constellée de voyous au sourire vicieux,

Pousse le chardon noir de l'effroi pernicieux,

Zélé à fomenter d'épouvantables crimes.

Dans l'obscur souterrain où des cris anonymes

Lacèrent le silence en cauchemars odieux,

Des spectres grimaçants au visage crayeux

Pourchassent sans répit de candides victimes.

Face au dernier métro, deux venimeux pouilleux

Inondent des bourgeois au masque camaïeu

D'un torrent de jurons que l'alcool envenime.

Dès qu'un soleil lustral illumine les cieux,

Le maître de l'enfer suspend la pantomime

Des monstres ténébreux que le matin décime.

Ange de la folie

Fébrilement cachée dans la foule anonyme

D'où monte un brouhaha aux accents étrangers,

Je me laisse emporter, au mépris du danger,

Par un flot de couleurs que le soleil anime.

Pour fuir le boniment d'une poupée sublime,

Zélée à m'envoûter de ses cils allongés,

Je m'échappe d'un bond avant de me plonger

Dans un bar ténébreux où ma douleur s'arrime.

Accoudé au comptoir, un membre du clergé

Me noie dans un torrent de sermons outragés

Par les rires narquois de prophètes du crime.

L'ange de la folie m'invite à voyager

Sur l'océan fougueux de mes vers dont les rimes

Effacent les échos de mes doutes intimes.

Prière au sommeil

Sommeil, viens déposer sur mon cœur douloureux

Ton voile velouté au parfum de silence

Afin d'anéantir les fantômes qui dansent

Dans les noires pensées de mon esprit fiévreux.

Fredonne à mon chevet les accords vaporeux

D'un apaisant refrain venu de mon enfance.

Enterre la douleur germée dans ma conscience

Au fond d'un océan de coton ténébreux.

Au lieu de t'envoler dès que le jour se lève,

Accompagne mon âme au rivage des rêves,

Généreux inventeurs de mes nuiteux plaisirs.

Exhorte le soleil à suspendre sa course

Afin que, longuement, je puisse enfin dormir

Dans mon berceau obscur, sous l'œil de la Grande Ourse.

Patricia Guénot

Patricia Guénot
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