LA POESIA DI PATRICIA GUÉNOT

Visions colorées - Religieuse sensuelle - Prière au sommeil - Rêve de cristal - Jardin de l'enfance - Couleurs furieuses - Fête voluptueuse

Visions colorées

Sur la planète bleue,

De petits hommes verts

Tirent à boulets rouges

Sur les humains qui bougent

Pour éteindre l'enfer

Qui leur brûle les yeux.

Au cœur de mes nuits blanches

Tapissées d'idées noires,

Dans mes draps bleu pervenche,

Je rêve d'un désert

Pour composer des vers

Au pays de l'espoir.

Lassée de mes peurs bleues,

Je pars de but en blanc.

Je cours me mettre au vert,

Couler des jours heureux,

Loin de mon triste écran

Que je jette à la mer.

Près de mon cordon bleu,

Je vois la vie en rose

Même si je ris jaune

Devant les autochtones

Qui préfèrent la prose

À mes sonnets radieux.

Religieuse sensuelle

Seule avec son missel aux images affreuses,

La religieuse implore un céleste signal

Afin d'anéantir le désir infernal

Qui vient la tourmenter dès l'aube vaporeuse.

À l'abri de ses sœurs dont la foi scrupuleuse

Imprègne le couvent d'un ennui abyssal,

Elle troque la nuit son habit monacal

Contre un rêve au pays des femmes sulfureuses.

Ballottée en secret sur le torrent spiral

Des délices tramées par la griffe du mal,

Elle conduit son corps jusqu'aux grèves scabreuses.

Dans le profond jardin de son cœur virginal,

Un lubrique ballet de fées aventureuses

Augure un avenir de voluptés soyeuses.

Prière au sommeil

Sommeil, viens déposer sur mon cœur douloureux

Ton voile velouté au parfum de silence

Afin d'anéantir les fantômes qui dansent

Dans les noires pensées de mon esprit fiévreux.

Fredonne à mon chevet les accords vaporeux

D'un apaisant refrain venu de mon enfance.

Enterre la douleur germée dans ma conscience

Au fond d'un océan de coton ténébreux.

Au lieu de t'envoler dès que le jour se lève,

Accompagne mon âme au rivage des rêves,

Généreux inventeurs de mes nuiteux plaisirs.

Exhorte le soleil à suspendre sa course

Afin que, longuement, je puisse enfin dormir

Dans mon berceau obscur, sous l'œil de la Grande Ourse.

Rêve de cristal

Dans les volutes bleues d'un rêve de cristal,

Qui forme un océan au cotonneux rivage,

Je m'évade à l'abri du délicat visage

De ma vive sylphide au regard infernal.

Dans ma nuit solitaire, un arc-en-ciel mental

Déverse ses couleurs aux enivrants présages,

Assemblées en bouquet de soyeuses images

Qui dardent sur mon cœur leur parfum estival.

Un tourbillon de joie dans mon sang se propage

En vagues de chaleur, qui lavent les outrages

Que m'inflige ma belle au rire de métal.

Dans mon âme s'infiltre un ouragan sauvage

Dont le poignard glacé creuse un profond canal

Où se noie aussitôt mon chagrin viscéral.

Jardin de l'enfance

Je garde au fond du cœur mon jardin de l'enfance,

Où germe un chapelet de refrains enchanteurs

Qui ponctuent le ballet des crayons de couleur,

Habiles pourfendeurs des devoirs de vacances.

Dans mon âme palpite un village de France,

Où le gai rossignol célèbre la douceur

Du soleil bienveillant dont les tièdes lueurs

Mènent sur la fontaine une enivrante danse.

Le crissement aigu de la plume d'acier,

Que dirige ma main sur le laiteux cahier,

Résonne tendrement au creux de ma mémoire.

La craie sur le tableau trace un savant lacis

De présages radieux, inscrits sur le grimoire

De mes jeunes années, exemptes de soucis.

Couleurs furieuses

Un tourbillon cinglant de profondes couleurs

S'étire violemment dans les plis de mon âme

Condamnée à subir un arc-en-ciel de flammes

Dont les langues rougies me calcinent le cœur.

Mes teintes préférées exaltent ma fureur.

Le bleu métal s'accorde à la froideur des lames

Qui sculptent dans mon corps des blessures infâmes

Vomissant des torrents de sanglantes douleurs.

Le jaune du citron déverse son acide

Dans mon esprit noirci dont la joie se dévide

Sur le rouet cruel de l'avenir glacé.

Le vert de moisissure étale sa poussière

Sur l'écheveau obscur de mes espoirs blessés

Qui meurent doucement au creux de mes paupières.

Fête voluptueuse

Je cueille dans tes yeux

Les diamants silencieux

De nos fêtes subtiles.

Le concerto fébrile

De nos corps enlacés

Dénoue ton cœur blessé.

Armée de ma tendresse,

Je t'étreins pour que cesse

Ton chagrin sibyllin.

Ton sourire câlin

Ouvre une voie solaire

Où je me régénère.

Dans nos nuits sans sommeil

Jaillit un flot vermeil

De caresses brûlantes.

Nos voluptés inventent

Le langage royal

De notre accord total.

Patricia Guénot

Patricia Guénot
Società